jeudi 13 octobre 2011

Fantômette au secours de l'Éducation Nationale ! - dernière version



            Caroline déteste la lecture ! Dès qu'elle voit un livre elle le regarde avec beaucoup de mépris. Pff ! Comment peut on aimer lire ? Les livres contiennent des histoires tellement ennuyeuses !

            Oh ne croyez pas que Caroline ne se soit jamais intéressée à la lecture. Nan, nan !!!!
Quand elle ne savait pas encore lire les grandes personnes lui offraient des livres. Mais quand elle demandait à ces grandes personnes de lui lire une histoire elle s'entendait souvent répondre : "plus tard" ou bien "j'ai pas le temps !". Et quand une grande personne consentait à lui lire une histoire elle la lisait avec si peu d'enthousiasme, que Caroline comprit que ce n'était pas la peine d'insister. Elle se contentait donc de regarder les images et inventait des histoires mais.......... est-ce que ce qu'elle imaginait correspondait à ce qui était écrit ? Comme elle ne savait pas lire, tous ces livres étaient pour elle bien mystérieux et contenaient certainement de grands secrets.
D'ailleurs c'était certainement pour ça  que les grandes personnes rechignaient à lui lire les histoires écrites dans ces livres. Elles voulaient garder pour elles les secrets qu'ils contenaient.
Ça y est ! Caroline avait l'explication ! Ces livres contenaient des secrets ! Mais quelle frustration ! Caroline ne savait pas lire !

            Aussi lorsqu'un jour on lui dit qu'elle était en âge d'aller à l'école, sur le moment elle n'en voyait pas l'intérêt. Mais quand on lui expliqua qu'à l'école elle apprendrait à lire, à écrire et à compter, tout ce qu'elle retint c'était........... qu'elle apprendrait à LIRE !
Caroline se sentit libérée. Enfin elle découvrirait tous ces mystères et percerait bien des secrets. Une nouvelle vie commençait, l'horizon s'élargissait.

            Le jour de la rentrée des classes elle partit joyeuse et pleine d'entrain, accompagnée de sa maman inquiète, vers cet endroit prometteur : L'ÉCOLE.
Et les choses sérieuses commencèrent : elle se familiarisa avec la conjugaison des verbes, le masculin, le féminin, les noms, les adjectifs etc. Bref tout ce qu'il faut savoir pour lire.

            Lorsque la lecture lui devint familière elle put enfin se plonger dans tous ces livres qui jusqu'ici semblaient inaccessibles.
Hélas, hélas ! Quand elle comprit ce que racontaient les histoires, grrrande fut sa déception. "C'est tout ??" se disait elle désappointée. Adieu mystères, adieu secrets.
Ces livres ne contenaient que des récits à ses yeux sans intérêt, qui laissaient son imagination en jachère.

            Heureusement, à ce moment là elle faisait partie d'une bande de garçons (elle était la seule fille du quartier) dont les passe-temps favoris consistaient à jouer aux cows-boys et aux indiens, à Zorro (son héros préféré), aux petites voitures etc. Toutes ces activités intelligentes qui nourrissaient son imagination. LE BONHEUR.
            Si par hasard on lui offrait un livre, elle remerciait avec juste ce qu'il fallait d'enthousiasme pour satisfaire la grande personne, puis montait vite dans sa chambre et le livre rejoignait illico dans le fond de l'armoire ses semblables. LA BELLE VIE !

            A cette époque Caroline ne se doutait pas que cette belle vie serait menacée par...................Monsieur Carré l'instituteur.

            C'était un jour de classe semblable aux autres jours de classe. Dans l'après-midi Monsieur Carré dit à Caroline : "Caroline je dois te parler après la classe".
Caroline le regarda intriguée, mais Monsieur Carré continua son cours comme d'habitude. Pour Caroline, si Monsieur Carré voulait la voir après la classe, l'affaire devait être sérieuse.
Lorsque les cours furent terminés et les élèves partis, Caroline se retrouva seule (et pas très à l'aise) avec Monsieur Carré.
Celui-ci lui dit : "Caroline, tu travailles bien mais il y a un problème avec les rédactions ( ??? se dit Caroline). Tu écris correctement mais on sent que tu ne lis pas assez. Alors ce soir tu ne quitteras pas cette classe sans avoir pris un livre dans la bibliothèque et je vérifierai que tu l'as bien lu".
Caroline resta clouée sur place fixant Monsieur Carré, les yeux ronds remplis de stupeur !
QUOI ??? Prendre un livre dans la bibliothèque ?  Il n'en n'est pas question ! Se dit intérieurement Caroline. Mais elle savait qu'il était inutile de discuter. Quand Monsieur Carré dit, Caroline doit s'exécuter.

            Jusqu'ici Caroline avait toujours évité ce meuble au fond de la classe................à droite, ce meuble appelé................BI-bliothèque. Ce seul mot évoquait pour elle, un antre peuplé de mauvais génies toujours à l'affût pour semer l'ennui dans des livres aux couvertures avenantes, mais dont le contenu s'avérait (à ses yeux) insignifiant, bon à remplir des têtes sans cervelles en leur laissant croire qu'elles sont plus intelligentes après les avoir lus.
Elle en avait pour preuve ses copines de classe qui dévoraient les livres de Oui-Oui ("il y a des images et c'est écrit gros", lui disaient elles enthousiastes). Caroline levait les yeux au ciel consternée. Oui-Oui, il fallait que ses parents n'aient pas de cervelle (donc dénués d'intelligence) pour appeler leur fils ainsi !


            Mais là c'était pas les copines, mais Monsieur Carré. Alors le cœur lourd (le temps passé à lire elle ne le passerait pas à jouer avec les garçons) et du plomb dans les chaussures, Caroline se dirigea vers la bibliothèque, ouvrit les portes et resta plantée devant tous ces livres, indécise.
Elle en sortit quelques uns qu'elle remit bien vite à leur place, glissa un regard vers Monsieur Carré espérant qu'il était occupé à autre chose et ne la regardait plus (ce qui était le cas). Elle fut tentée de refermer la porte et de faire semblant d'avoir pris un livre et de quitter la classe rapidement. Mais elle se souvint à temps que Monsieur Carré vérifierai qu'elle avait bien lu le livre.
Alors pour s'éviter des ennuis (être obligée de lire non pas 1 mais 2 livres) elle prit un livre dont la couverture l'intriguait.
Il représentait en arrière-plan une île qui avait la forme d'une tête de sorcière ( !?!) et en surimpression une jeune fille à l'allure dynamique qui portait un masque et une cape (tiens comme Zorro !). Le titre était évocateur (donc suspect) : "Fantômette et l'île de la Sorcière".
Prendre un livre pour prendre un livre, elle choisit celui-ci, le mit dans son cartable et sortit.

            Ce que Caroline ignorait encore c'est que, si une bibliothèque est l'antre de mauvais génies, elle peut aussi abriter de bons génies.
Elle rentra chez elle, prit le livre (autant se débarrasser tout de suite de cette corvée !), l'ouvrit et là tout bascula.

            Elle se sentit emportée dans un tourbillon si fort que son cerveau s'embruma et elle perdit toute notion de temps, de lieu, d'espace.
Quand elle reprit ses esprits, elle se retrouva dans un monde inconnu : le monde de Fantômette. Celle-ci l'accueillit avec un large sourire et lui
demanda : "on part à l'aventure ? J'ai une énigme à résoudre".
Caroline acquiesça, prit la main que lui tendait Fantômette et elles partirent dans un univers appelé : imagination.
Elles vécurent de multiples péripéties lorsque soudain : "Caroline à table !".
Caroline sursauta ("Caroline à table !") et se sentit catapultée vers un autre monde appelé : réalité ("Caroline à table !"). Elle reprit lentement ses esprits ("Caroline à table !") et toute étourdie répondit :
                    "oui j'arrive.
                   Caroline à table !
                   J'ARRIVE !!!!!"


                                                                                              Colette RENARD

mardi 20 septembre 2011

Votez pour Fabienne !


Citoyens, Citoyennes : Dans ce monde où la vitesse et la surconsommation sont remises en cause, où le modèle  basé sur le profit trouve ses limites, je vous propose de réfléchir à la source de nos difficultés : l’école. (l’enseignement)

             Notre système d’éducation n’est-il pas trop soumis à la logique de la compétition ? Celui-ci privilégie quelques-uns au détriment de la majorité ?

Les élèves et les enseignants ne sont-ils pas soumis au format d’apprentissage imposé par ces valeurs de plus en plus contestées?

Enseigner les techniques, accumuler des connaissances se fait aujourd’hui au détriment de nos personnalités : les premiers ne développent pas la capacité d’exprimer leurs opinions et ceux qui sont rejetés par le système ne sont pas écoutés.

Citoyens, Citoyennes, je me présente devant vous avec mieux qu’une promesse : un projet d’une autre éducation qui va bien au-delà de l’instruction !

En voici les grandes lignes : Le temps devrait être mieux réparti pour les jeunes en formation… Les rythmes scolaires devront être revus.

            - Je vous propose de forger notre enseignement sur deux piliers: l’école des savoirs et l’école de la vie !

L’école des savoirs doit permette aux jeunes d’être performants dans leur domaine (sciences, mathématiques, littérature, technologie professionnelle…). Mais ils doivent aussi être responsables et perméables au monde qui les entoure : se connaître soi-même, respecter l’autre et développer une liberté de pensée essentielle pour s’échapper des vieux schémas répétés de génération en génération.

- Lorsque je serai élue, (quand vous m’aurez portée aux responsabilités suprêmes), je m’engage à ne plus former des boulimiques de connaissances, de pouvoir, de supériorité….mais des hommes et des femmes respectueux qui ne mettront pas l’argent (la rentabilité) au-dessus de toutes les autres valeurs……IL est essentiel de déguster la vie quotidienne…La motivation, le goût à l’effort, l’esprit d’initiative, de créativité seront développés.

- Le temps d’apprendre sera respecté !!!

Mon école de la vie donnera une base solide à tous car j’ai bien conscience que l’inégalité commence au plus jeune âge…….Les premières années creusent des fossés sociaux qui ne se comblent parfois jamais.

Citoyens, Citoyennes…..Avec moi, soyez-en sûrs, toutes les capacités seront considérées dans leur diversité et le respect des personnalités des uns et des autres. Ainsi, l’intelligence de chacun sera au service de tous ! Ensemble nous transmettrons le goût d’apprendre et de transmettre !!

Vive l’école de la vie ! …………….Je vous remercie de votre attention.

Fabienne FAUTLEFAIRE

Le choix d'une carrière


Mon instituteur nous avait donné à rédiger à la maison une composition française pour le lendemain : « Quelle carrière choisirez-vous plus tard ? ». Maman n’était pas encore rentrée ; sans enthousiasme, j’ai ouvert le battant du secrétaire, installé une copie double perforée à grands carreaux et écrit mon nom, mon prénom et la classe. 7ème B.
Les journées raccourcissaient déjà. C’était un de ces soirs sombres de rentrée où l’été n’est plus qu’un lointain souvenir sous des rouleaux de nuages gras. Pendant que je faisais mes devoirs à la lumière de la lampe, mon petit frère regardait sur la première chaîne un feuilleton qui n’était pas du tout de son âge.
Moi, je contemplais les hirondelles alignées sur le fil du téléphone en rongeant mon porte-plume. « Quelle carrière choisirez-vous plus tard ? » Plus tard… Plus tard… La semaine prochaine ? Non, des années et des années plus tard, alors que, déjà, les prochaines vacances ne semblaient jamais venir. J’ai posé la tête sur mon bras replié. La page restait blanche et pour moi la carrière n’était qu’un trou dans une montagne.
Quand maman est rentrée, elle a posé sur la table son cabas rempli de légumes (les poireaux dépassaient) puis elle a regardé ma feuille toujours blanche d’un œil inquisiteur.
Cela fait une heure que tu suces ton porte-plume ! m’a-t-elle dit. Tu vas avoir des boutons avec la peinture.
En fait, il n’avait plus de peinture depuis longtemps et le goût du bois que je mordillais avait l’amertume des devoirs difficiles.
Maman a entrepris l’épluchage des pommes de terre. J’entendais les crissements du couteau suivi du plouf de la chute de la patate dans le fait-tout. De la cuisine elle m’a crié :
Il faut t’y mettre ! Réfléchis donc. Il y a bien quelque chose que tu aies envie de faire quand même.
L’hirondelle, ai-je répondu en surveillant le jardin.
Les hirondelles ne sont pas bêtes : elles vont toujours où il fait beau ; du coup elles sont en vacances toute l’année.
Ne dis pas de sottises ! Ce n’est pas un métier.
Dommage… Alors astronaute.
En voilà une idée ! Et il faut être américain !
Cosmonaute ?
Il faut être russe !
J’ai décliné les métiers qui me rapprochaient du ciel. Pilote ? Trop dangereux. Hôtesse ? C’est pour les filles !
Poinçonneur de billets ?
Ah non !
L’espace ne convenait pas à maman qui souhaitait une profession terre-à-terre, socialement honorable, lucrative et avec des responsabilités.
J’ai passé en revue les métiers de tous les adultes de ma connaissance : instituteur ? Non... Le nôtre se plaignait sans cesse de nous. Il lui arrivait de se prendre la tête dans les mains en se lamentant : Quel métier, mais quel métier ! Médecin accoucheur comme le père de mon meilleur copain ? Sans façon. Boucher comme mon oncle Grégoire ? Qui s’essuyait les mains pleines de sang sur son tablier toujours maculé ?
Ma page restait aussi désolée que le désert tartare, aussi vide que l’espace intersidéral.
Ça ne te plairait pas de reprendre l’étude de ton père ?
Huissier de justice ? Je songeais aux dossiers à sangle bourrés de papiers pelure, tapissant les murs, au mitraillage incessant des machines à écrire. Je voyais mon père se lever avant l’aurore pour dresser de curieux constats.
Oui, si je rate mes études, ai-je hasardé pour rester aimable.  
Ne dis jamais ça à ton père.
Elle en avait de bonnes, maman… Elle qui avait choisi de ne pas travailler pour m’élever mon frère, mes sœurs et moi… Si j’avais osé, je lui aurais bien retourné la question. Mais je savais que cela aurait été pris pour de la provocation.
Travailler aux Impôts comme mon parrain ? Qui surveillait les aiguilles de l’horloge murale à longueur de journée et qui disait toujours du mal de son chef ? Pas moyen…
Si ça continuait, j’allais me récolter un zéro souligné de deux traits en colère. Il m’est venu alors une idée qui pouvait peut-être me valoir quelques points. Et j’ai  calligraphié tout en haut de ma feuille :
Plus tard, je choisirai la carrière de la première personne que je verrai contente d’aller travailler.


Gilles

Gaspard n'aime pas l'école



Tu n’aimes pas lire, Gaspard : les livres sont pour toi des objets hostiles et rébarbatifs. Tu en prends un parfois, lourd, tu en feuillettes les pages monotones, ennuyeuses et sans vie. Tu te demandes : qui peuvent-être ces gens qui écrivent ? Des personnages sérieux comme des adultes, sévères comme des professeurs…
Petit, on te faisait la lecture. Tu te souviens de ces images colorées, de ces mondes différents qui s’offraient un instant. Il y avait dans ces livres des petites filles qui te ressemblaient un peu, des petits garçons qui pouvaient devenir tes amis, des animaux fascinants, des mondes attirants…
Mais aujourd’hui, personne ne te fait plus la lecture et tes albums sont dans un carton, vendus peut-être à la prochaine brocante avec leurs secrets.
Jamais. Tu n’avoueras jamais que tu ne sais pas lire : les caractères sont des signes noirs qui s’alignent interminablement et dansent devant tes yeux comme s’ils se moquaient de toi. Alors tu les ignores, tu les détestes et les rejettes comme s’ils t’avaient d’abord rejetée. Parfois ton regard s’attarde un instant sur une photo de magazine, sur un dessin de couverture, tu reconnais une lettre, puis une autre, hésites sur la troisième et t’éloignes enfin.
Tes amis savent lire, tes camarades savent écrire. Madame Colin écrit au tableau et les mains se lèvent. Mais toi tu ne lèves pas la main, l’expression hautaine de celle que cela n’intéresse pas, et tu cherches la reconnaissance des autres autrement, aux gendarmes et aux voleurs, ou parlant du film de dimanche à la télé, ou en disant n’importe quoi. Tu te rebelles par principe, en oubliant pourquoi.
Quand Madame Colin te regarde, les sourcils froncés, tu fais celui qui n’aime pas l’école, pas les maîtres, pas les livres.
Et tu souffres.
Mentir t’épuise. Les messages écrits des magasins, de la télévision, les courriers de la famille, sont autant de mystères. Avec des questions innocentes, tu interroges sans en avoir l’air. Tu deviens habile à résoudre les rébus.

Un jour madame Colin te retient après la classe. L’affaire doit être sérieuse. Bienveillante, elle te demande si tu vas bien. Si tes parents vont bien. Tu viendras à la kermesse. Tu demandes : quel jour, madame et où ? Madame Colin te montre une affiche : tout est marqué là… Tu scrutes le message obscur. Les signes noirs dansent devant tes yeux, les lignes ondulent. En te concentrant, tu lis les lettres l’une après l’autre. S. A. M… Madame Colin hoche la tête. D’accord, dit-elle.
Madame Colin s’assoit. Elle cherche ses mots. Gaspard, j’aimerais que tu prennes quelques cours avec moi, tu veux bien ? Tu nies l’évidence. Pourquoi Madame ? Pour que nous faisions un peu de lecture tous les deux. Choisis un livre.
Tu regardes la bibliothèque, les volumes s’alignent comme une armée hostile de mauvais génies. Tu en choisis un au petit bonheur, la couverture remplie d’animaux hilares qui semblent se moquer de toi.
Madame Colin pose son doigt sur les deux premières lettres. I majuscule, l minuscule. Elles sont identiques, mais ne veulent pas dire la même chose. Il… é.t.a.i.t. était u.n.e. une f.o.i.s.
Il était une fois, des signes qui font des mots, des mots qui font des phrases. Les personnages s’animent parlent et te parlent.
Les phrases font des histoires et les histoires ton enfance…

vendredi 5 août 2011

Ecole des Savoirs et Ecole de la Vie - texte écrit par Fabienne

Dans ce monde de vitesse, de surconsommation, l’école n’est-elle pas trop perméable à tous ces nouveaux besoins ?

N’en demande t’on pas trop aux élèves et aux enseignants ? Enseigner une méthode ou une science, n’est pas la même chose que d’apprendre à Etre, à aimer faire ou savoir trouver sa place dans la société (ex : comme enfant, parents, citoyen, travailleur…).

Le temps devrait être mieux réparti pour les jeunes en formation….en devenir ! le sujet a déjà été abordé ( Rythme scolaire!)...mais aujourd’hui où est la concrétisation ?

Il me semblerait intéressant de forger deux écoles : l’école des savoirs et école de la vie !

Les jeunes sont performants dans leur domaine (sciences, mathématiques, littérature, technologie professionnelle…). Souvent, ils semblent distants, imperméables au monde qui les entoure. Peur ? Manque de temps ? Incompréhension ? Trop de chose peut-être ! ...

On forme des boulimiques de l’apprentissage et des dégustateurs !!!

La motivation, le goût à l’effort, l’esprit d’initiative, de créativité doivent-être plus recherchés et développés.

L’école des savoirs doit donner une base solide ; les paliers d’acquisition ne doivent pas être franchis en fonction des capacités et possibilités en fonction de l’âge de sujet : lire, écrire, compter sont essentiels et ont une place importante dans les acquis technologiques et existentiels. Ils facilitent l’accès à une professionnalisation évolutive. Mais…..

Un exemple : cette semaine, je suis allée prendre un repas dans un centre d’hébergement avec des amis et surprise…la personne responsable du service des repas était un de mes anciens élèves : exclu de l’Education Nationale car il ne pouvait suivre l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul.

Il est arrivé à 14 en I.M.E (institut médico-éducatif) et là….avec d’autres personnes, nous lui avons d’abord redonné confiance en lui dans les stages (maçonnerie, boulangerie, jardinage….). Régulièrement, les enseignants reprenaient les difficultés rencontrées (lire une recette, un horaire de bus, un emploi du temps...).

Heureuse ? Oui, je l’ai été de le voir épanoui par ce travail et ses projets d’avenir…les 7 années dans cet établissement lui ont permis de reprendre confiance en lui et de palier à ses difficultés. Il est devenu un exemple pour moi !

Il faut parfois « faire avec et s’adapter.

Un élève qui a des capacités intellectuelles qui lui permettent de mémoriser, comprendre, synthétiser l’instruction. Parfois, la personne doit développer ses facteurs humains (émotivité, spiritualité, sociabilité…)

C’est l’école de » la Vie :

Dans cette école, la communication me parait être très importante (s’exprimer, écouter, se comporter…).

Apprendre à se situer parmi les autres ; la famille, la société (droits et devoirs, le travail, la politique).

Développer l’autonomie dans la vie quotidienne : bon nombre de bacheliers et même +, ne savent pas prendre les transports en commun, faire tourner une machine à laver, se nourrir correctement.

Par exemple :

· Se nourrir, c’est aborder : l’hygiène alimentaire, les rythmes biologiques, la cuisine….
· Se soigner, se protéger : hygiène corporelle et de vie, remplir un formulaire de sécurité sociale et comprendre le fonctionnement de celui-ci.
· Savoir demander de l’aide : peu de personnes savent le faire à bon escient. Il ne s’agit pas d’assistanat mais d’aide ; regardez les jeunes qui font la manche, les personnes âgées isolées, les malades sans soins !...

Cette école serait un complément à l’éducation qui peut ne pas être complète ou défaillante. Et là, rien à voir avec le milieu social.
Une personne qui a eu de l’instruction, des loisirs, de l’Amour, peut lorsqu’elle se retrouve sans emploi ou handicapée, bien démunie et frustrée dans cette vaste jungle qu’est la société !
Ces deux écoles doivent être complémentaires, évolutives et adaptatives. ; réapprenons l’essentiel et la simplicité. Mieux vaut peu que trop et de mauvaise qualité.
Celles-ci doivent permettre à l’Homme et la Femme en devenir de former sa propre personnalité et de la faire reconnaitre dans la société.

Fabienne

mardi 2 août 2011

Caroline n'aime pas la lecture - texte rédigé par Colette

Caroline déteste la lecture ! Dès qu'elle voit un livre elle le regarde avec beaucoup de mépris. Pff ! Comment peut on aimer lire ? Les livres contiennent des histoires tellement ennuyeuses !

Oh ne croyez pas que Caroline ne se soit jamais intéressée à la lecture. Nan, nan !!!!
Quand elle ne savait pas encore lire les grandes personnes lui offraient des livres. Mais quand elle demandait à ces grandes personnes de lui lire une histoire elle s'entendait souvent répondre : "plus tard" ou bien "j'ai pas le temps !". Et quand une grande personne consentait à lui lire une histoire elle la lisait avec si peu d'enthousiasme, que Caroline comprit que ce n'était pas la peine d'insister. Elle se contentait donc de regarder les images et inventait des histoires mais.......... est-ce que ce qu'elle imaginait correspondait à ce qui était écrit ? Comme elle ne savait pas lire, tous ces livres étaient pour elle bien mystérieux et contenaient certainement de grands secrets.
D'ailleurs c'était certainement pour ça que les grandes personnes rechignaient à lui lire les histoires écrites dans ces livres. Elles voulaient garder pour elles les secrets qu'ils contenaient.
Ça y est ! Caroline avait l'explication ! Ces livres contenaient des secrets ! Mais quelle frustration ! Caroline ne savait pas lire !

Aussi lorsqu'un jour on lui dit qu'elle était en âge d'aller à l'école, sur le moment elle n'en voyait pas l'intérêt. Mais quand on lui expliqua qu'à l'école elle apprendrait à lire, à écrire et à compter, tout ce qu'elle retint c'était........... qu'elle apprendrait à LIRE !
Caroline se sentit libérée. Enfin elle découvrirait tous ces mystères et percerait bien des secrets. Une nouvelle vie commençait, l'horizon s'élargissait.

Le jour de la rentrée des classes elle partit joyeuse et pleine d'entrain, accompagnée de sa maman inquiète, vers cet endroit prometteur : L'ÉCOLE.
A son arrivée elle découvrit dans la cour des enfants bruyants (elle n'en n'avait jamais vu autant) et comprit qu'elle aurait plein de copines.
Elle congédia poliment mais fermement une maman soulagée (ouf ! ça se passe bien) et étonnée (je ne pensais pas qu'elle serait si contente d'aller à l'école !).

Et les choses sérieuses commencèrent : elle se familiarisa avec la conjugaison des verbes, le masculin, le féminin, les noms, les adjectifs etc. Bref tout ce qu'il faut savoir pour lire.

Lorsque la lecture lui devint familière elle put enfin se plonger dans tous ces livres qui jusqu'ici semblaient inaccessibles.
Hélas, hélas ! Quand elle comprit ce que racontaient les histoires, grrrande fut sa déception. "C'est tout ??" se disait elle désappointée. Adieu mystères, adieu secrets.
Ces livres ne contenaient que des récits à ses yeux sans intérêt, qui laissaient son imagination en jachère.


Heureusement, à ce moment là elle faisait partie d'une bande de garçons (elle était la seule fille du quartier) dont les passe-temps favoris consistaient à jouer aux cows-boys et aux indiens, à Zorro (son héros préféré), aux petites voitures etc. Toutes ces activités intelligentes qui nourrissaient son imagination. LE BONHEUR.

Si par hasard on lui offrait un livre, elle remerciait avec juste ce qu'il fallait d'enthousiasme pour satisfaire la grande personne, puis montait vite dans sa chambre et le livre rejoignait illico dans le fond de l'armoire ses semblables. LA BELLE VIE !

A cette époque Caroline ne se doutait pas que cette belle vie serait menacée par...................Madame Colin l'institutrice.

C'était un jour de classe semblable aux autres jours de classe. Dans l'après-midi Madame Colin dit à Caroline : "Caroline je dois te parler après la classe".
Caroline la regarda intriguée, mais Madame Colin continua son cours comme d'habitude. Pour Caroline, si Madame Colin voulait la voir après la classe, l'affaire devait être sérieuse.
Caroline répertoria toutes les raisons susceptibles de lui apporter des ennuis (c'est à dire une punition). Elle eut beau réfléchir elle ne voyait vraiment pas. Son bulletin scolaire avait été exceptionnellement bon, rien à dire sur son attitude en classe (enfin.............heu non, enfin elle espère), alors que pouvait bien lui vouloir Madame Colin.
Lorsque les cours furent terminés et les élèves partis, Caroline se retrouva seule (et pas très à l'aise) avec Madame Colin.
Celle-ci lui dit : "Caroline, tu travailles bien mais il y a un problème avec les rédactions ( ??? se dit Caroline). Tu écris correctement mais on sent que tu ne lis pas assez. Alors ce soir tu ne quitteras pas cette classe sans avoir pris un livre dans la bibliothèque et je vérifierai que tu l'as bien lu".
Caroline resta clouée sur place fixant Madame Colin, les yeux ronds remplis de stupeur !
QUOI ??? Prendre un livre dans la bibliothèque ? Il n'en n'est pas question ! Se dit intérieurement Caroline. Mais elle savait qu'il était inutile de discuter. Quand Madame Colin dit, Caroline doit s'exécuter.

Jusqu'ici Caroline avait toujours évité ce meuble au fond de la classe................à droite, ce meuble appelé................BI-bliothèque. Ce seul mot évoquait pour elle, un antre peuplé de mauvais génies toujours à l'affût pour semer l'ennui dans des livres aux couvertures avenantes, mais dont le contenu s'avérait (à ses yeux) insignifiant, bon à remplir des têtes sans cervelles en leur laissant croire qu'elles sont plus intelligentes après les avoir lus.
Elle en avait pour preuve ses copines de classe qui dévoraient les livres de Oui-Oui ("il y a des images et c'est écrit gros", lui disaient elles enthousiastes). Caroline levait les yeux au ciel consternée. Oui-Oui, il fallait que ses parents n'aient pas de cervelle (donc dénués d'intelligence) pour appeler leur fils ainsi !



Mais là c'était pas les copines, mais Madame Colin. Alors le cœur lourd (le temps passé à lire elle ne le passerait pas à jouer avec les garçons) et du plomb dans les chaussures, Caroline se dirigea vers la bibliothèque, ouvrit les portes et resta plantée devant tous ces livres, indécise.
Elle en sortit quelques uns qu'elle remit bien vite à leur place, glissa un regard vers Madame Colin espérant qu'elle était occupée à autre chose et ne la regardait plus (ce qui était le cas). Elle fut tentée de refermer la porte et de faire semblant d'avoir pris un livre et de quitte la classe rapidement. Mais elle se souvint à temps que Madame Colin vérifierait qu'elle avait bien lu le livre.
Alors pour s'éviter des ennuis (être obligée de lire non pas un mais deux livres) elle prit un livre dont la couverture l'intriguait.
Il représentait en arrière-plan une île qui avait la forme d'une tête de sorcière ( !?!) et en surimpression une jeune fille à l'allure dynamique qui portait un masque et une cape (tiens comme Zorro !). Le titre était évocateur (donc suspect) : "Fantômette et l'île de la Sorcière".
Prendre un livre pour prendre un livre, elle choisit celui-ci, le mit dans son cartable et sortit.

Ce que Caroline ignorait encore c'est que, si une bibliothèque est l'antre de mauvais génies, elle peut aussi abriter de bons génies.
Elle rentra chez elle, prit le livre (autant se débarrasser tout de suite de cette corvée !), l'ouvrit et là tout bascula.

Elle se sentit emportée dans un tourbillon si fort que son cerveau s'embruma et elle perdit toute notion de temps, de lieu, d'espace.
Quand elle reprit ses esprits, elle se retrouva dans un monde inconnu : le monde de Fantômette. Celle-ci l'accueillit avec un large sourire et lui
demanda : "on part à l'aventure ? J'ai une énigme à résoudre".
Caroline acquiesça, prit la main que lui tendait Fantômette et elles partirent dans un univers appelé : imagination.
Elles vécurent de multiples péripéties lorsque soudain : "Caroline à table !".
Caroline sursauta ("Caroline à table !") et se sentit catapultée vers un autre monde appelé : réalité ("Caroline à table !"). Elle reprit lentement ses esprits ("Caroline à table !") et toute étourdie répondit :
⁃ "Oui j'arrive.
⁃ Caroline à table !
⁃ J'ARRIVE !!!!!"

Avec regret elle ferma le livre et alla manger. Mais à partir de ce jour, la lecture devint sa seconde vie. La bibliothèque familiale fut écumée de fond en comble et le libraire la connaissait très bien.
Son papa fut ravi de la voir lire, sa maman beaucoup moins ("au lieu de lire tu ferais mieux de faire ton lit, la vaisselle, le ménage etc, etc.").
Quant à Madame Colin elle était satisfaite, elle avait accompli sa mission : Caroline faisait des progrès en rédaction et lisait très bien.

lundi 1 août 2011

Patricia - témoignage transmis par Isabelle

Je ne veux pas que ma fille soit rejetée et qu’à 16 ans elle dise « j’arrête l’école »

Je n’ai jamais vraiment réussi à apprendre à l’école, pourtant je crois que j’aurais pu apprendre. J’ai fait mon CE2 à 12 ans et je suis ensuite passée directement en 6ème et 5ème SES. Puis j’ai arrêté l’école, j’en avais marre, je n’apprenais rien et je ne supportais plus l’école.

Mais cela venait d’avant. Dans ma famille, on a toujours rejeté parce que la vie était difficile. A l ‘école primaire, je n’avais pas de copine : on me rejetait parce que j’’étais mal habillée et parce que j’avais les cheveux trop courts.
On nous traitait mon frère et moi de pouilleux. Mais on n’était pas les seuls ; il y avait d’autres enfants aussi qu’on traitait comme cela.
Mon frère a commencé à faire l’école buissonnière et moi petit à petit je ne voulais plus aller à l’école. ça n’allait pas.
A l’école, ils disaient que c’était ma mère qui était responsable de tout. A une réunion de parents, l’institutrice a dit à mon père « quand vos enfants seront propres, ils auront des copains ! ». moi je n’en ai jamais eu.
Ma mère ne voulait pas aller à l’école ni aux réunions : elle ne savait pas quoi dire. Elle était passé par là elle aussi ; elle nous l’avait dit à Papa et à moi.

Mes parents voulaient qu’on apprenne. Mon père disait que ce serait mieux d’avoir un métier que de traîner les rues. Pendant les vacances, il nous achetait des livres d’exercices pour voir si on avait compris ce qu’on avait appris à l’école.
Mais ça n’allait pas ; il y avait trop de soucis à la maison et on ne pouvait pas travailler en rentrant. Mon cerveau ne suivait pas, je n’arrivais pas à apprendre.
Mon frère n’allait plus à l’école et moi je me cachais. Ma mère m’a reconduite plusieurs fois à l’école. Les maîtres sont venus nous chercher, mais ils n’ont jamais vraiment soutenu ma mère, ni essayé de comprendre pourquoi c’était comme cela.
Ils disaient « si vos enfants ne viennent pas à l’école, on prévient l’académie »
Un jour le directeur a dit « je vais faire un rapport pour dire que vos enfants sont malheureux ».

L’école a porté plainte contre Maman : la police est venue chez nous. Tout le monde s’est ligué contre ma mère dans le quartier.
Pour vivre, il fallait se débrouiller et un jour l’assistante sociale a appris qu’on faisait les containers derrière les supermarchés. Et que mon frère avait des boutons avec de la viande peu fraîche.
On est parti en foyer, mais là non plus je n’ai pas réussi à apprendre. J’étais en SES et j’en avais marre, parce que je n’apprenais rien. On faisait toujours la même chose.
Quand on fait une SES, on sait bien qu’on ne passera jamais où les autres passent, comme ceux qui vont à l’université à 18 ans.
Je savais qu’une fois qu’on aurait fini toutes ces classes, on n’aurait rien, qu’il faudrait tout recommencer.
Pour apprendre il faut savoir où on met les pieds, ou on va
Aujourd’hui je suis maman et je veux que ma fille réussisse. Je ne veux pas qu’elle soit rejetée et qu’à 16 ans elle dise, j’arrête l 'école.
J’apprends avec d’autres mamans du quart monde comment faire pour l’aider à progresser.